Depuis la semaine dernière, Google (propriétaire de la plateforme) a changé sa politique publicitaire. L’accès à la “masthead” du site, cet espace rectangulaire en haut de la page d’accueil, est refusé à certains contenus : les jeux d’argent, l’alcool, les médicaments sur ordonnance, et la politique.
Une conséquence des débordements liés aux élections américaines
Jusqu’à l’année dernière, l’encart publicitaire présent sur la page d’accueil se vendait pour une exposition à la journée. Les équipes de Donald Trump ne s’y sont pas trompées, et y ont investi des sommes colossales. Lors de la campagne des élections américaines en 2020, le candidat républicain est apparu dans cinq encarts différents afin de promouvoir sa réélection, allant même jusqu’à accaparer la masthead plusieurs jours de suite.
Une autre tactique a egalement consisté à occuper cet espace très convoité lors de la Convention nationale démocrate, qui pour des raisons sanitaires, s’est déroulée en ligne : le parti républicain s’assurait ainsi de ne pas être oublié lors du choix du candidat démocrate.
Youtube avait cependant pris le parti de ne diffuser aucun message publicitaire à connotation politique le jour du résultat des élections, et a réitéré cette décision lors des évènements du Capitole en janvier : une décision qui trace l’esquisse des récentes directives publicitaires mises en place par Google sur cette plateforme, en renforçant son refus de promouvoir des articles entrainant de possibles conduites à risque.
Youtube : le géant aux deux milliards d’utilisateurs
Du point de vue marketing, l’importance de Youtube n’est plus à démontrer : avec ses deux milliards d’utilisateurs mensuels, le site représente une vitrine à la visibilité inégalée. Second derrière Facebook en terme de popularité, la plateforme de partage de vidéos est aussi le second moteur de recherche utilisé après Google.
Les entreprises se sont rapidement saisies du sésame potentiel : 62% d’entre elles possèdent une page Youtube, leur assurant une présence sur la plateforme indépendamment des espaces publicitaires plus visibles, et donc plus lucratifs. Cela soulève plusieurs questions, notamment sur le monopole de grands groupes (les prix pour certains encarts atteignant parfois des sommets).
90% de ses utilisateurs confient découvrir de nouveaux produits et de nouvelles marques sur Youtube : l’attrait du support vidéo, son côté ludique, associés à la simplicité d’utilisation du site en font un outil majeur lors de campagnes de communication.
Quels changements pour les utilisateurs de Youtube ?
Pour les annonceurs, ces changements se révèlent être un ajout aux conditions d’utilisation de la masthead. En effet, il est toujours possible pour les entreprises souhaitant mettre en avant un produit, une marque ou un service, de réserver ponctuellement cet espace lors de campagnes publicitaires (CPJ, ou coût par jour). L’achat d’espace publicitaire sur Youtube est désormais possible par “impression” : il s’agit du CPM (“cost-per-mille”), ou “coût pour mille” vues.
Cela ouvre la voie au contenu personnalisé, ajusté selon des variables diverses. Cela permettrait aussi d’éviter la présence unique d’un seul annonceur sur la page d’accueil.
Les messages politiques lors d’élections sont désormais bannis de la plateforme, même si une tolérance semble se dessiner pour des publicités plus thématiques, dont le contenu pourrait se révéler politique, avec une étude au cas par cas.
Il était déja permis aux utilisateurs de refuser dans leurs paramètres tout contenu publicitaire pouvant mener à certaines dépendances : alcool et jeu.
Il est maintenant impossible aux entreprises de diffuser un contenu publicitaire servant à promouvoir la vente d’alcool ou des produits contenant de l’alcool. Il en est de même pour les médicaments prescrits sur ordonnance.
En ce qui concerne les jeux, les restrictions concernent les jeux d’argent et de hasard, qu’ils soient en ligne ou hors-ligne, ainsi que les jeux de type casino.